Bientôt des embryons mi-homme, mi-animal – Prêt pour le grand frisson ?
Les autorités britanniques viennent d’autoriser la création d’embryons humains à partir d’ovocytes animaux.
A PRIORI, le seul principe de créer des embryons mixtes homme-animal a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête de tous ceux qui estiment que la dignité humaine ne se partage pas. Pourtant, la très sévère agence de biomédecine britannique (HFEA, Human Fertilisation and Embryology Autority) après une large concertation auprès de la population lancée en avril dernier, vient d’accepter que certains laboratoires de recherche, sous certaines conditions, produisent des embryons hybrides, des « cybrides », créés à partir d’une cellule humaine et d’un ovocyte de vache par exemple.
L‘imagination des scientifiques semble sans limite dans cette voie qu’est la thérapie cellulaire, qui mélange les techniques de procréation avec celles de production de cellules souches. Le principe de ces cybrides est d’obtenir un embryon « humain » selon le principe du clonage, mais en injectant le noyau d’une cellule humaine non pas dans un ovocyte féminin (difficile à obtenir) mais dans un ovocyte prélevé chez l’animal (de recueil plus aisé). À partir de ces embryons cybrides, des lignées de cellules souches peuvent être cultivées. L’Agence de biomédecine britannique a assorti son feu vert à la nécessité de détruire l’embryon quatorze jours au plus tard après sa création.
À quoi vont servir ces lignées de cellules souches issues de cybrides ? Pour l’instant, deux équipes de chercheurs anglais ont demandé l’autorisation d’en fabriquer, celle de Stephen Minguer du King’s College de Londres et celle de Lyle Armstrong (université de Newcastle). Chacune avec des objectifs différents.
«Pour mieux comprendre»
Pour Stephen Minguer, il s’agit de disposer de lignées de cellules souches humaines caractéristiques d’affections graves pour déterminer les mécanismes de la maladie et tester des médicaments sur ces cultures de cellules. Lyle Armstrong précise vouloir « utiliser ces cellules pour mieux comprendre comment produire des cellules souches humaines ». À partir de ces cybrides ? Le chercheur ne le dit pas. Le but encore très lointain, serait de jeter les bases de nouveaux traitements contre les maladies graves et fréquentes (Parkinson, Alzheimer, sclérose latérale amyotrophique…).
Cette autorisation est loin de faire l’unanimité. Pour le Dr Helen Watt (Centre Linacre d’éthique) citée par la BBC, cette technique « est une violation de plus aux droits de l’embryon ». Josephine Quintavalle, d’un groupe de réflexion sur l’éthique et la reproduction, estime que la HFEA a tort de prendre une décision qui devrait relever du Parlement. « Ce n’est pas un feu vert total pour les hybrides, répond un des porte-parole de la HFEA, mais la reconnaissance que ce champ de recherche peut s’ouvrir, avec d’infinies précautions. »
Le FIGARO / MARTINE PEREZ.
Publié le 06 septembre 2007 – 08h56